Mammifère sahélien en voie de disparition ? Fleur exotique ? «Gerboise bleue» n’est rien de tout cela : c’est le nom donné à la première bombe atomique française testée à Reggane, le 13 février 1960, à 7 h 04. L’Algérie était alors une lointaine province française plus adaptée que la Creuse pour expérimenter des bombes quatre fois plus puissantes que celle larguée sur Hiroshima.
Le film montre comment ces essais ont blessé ceux qui y prenaient part, les jeunes appelés français et les populations des oasis. Gaston Morizot, réputé as du bâton de dynamite, a fini aux premières loges. Il raconte comment, blotti dans un abri de fortune, il entendait le compte à rebours avant l'éclair final. Il vit aujourd'hui entre culpabilité et symptômes, avec ses compagnons d'infortune réunis au sein de l'Association des vétérans des essais nucléaires (Aven). Ce récit qu'il n'a jamais rapporté à ses enfants, Gaston Morizot le livre à la caméra et à Djamel Ouahab, réalisateur-accoucheur d'une histoire qu'il a découverte au détour d'une conversation familiale. «Réaliser ce film, c'est d'abord dire la vie brisée de Gaston Morizot, Lucien Parfait, Mohamed Bendjebbar, Salah, Gérard Ruhot et Ali Bouallali. Appelés du contingent ou Touaregs vivant dans la région, ils ont subi de la même façon l'incurie des politiciens», prévient-il. A travers son film, il offre à Gaston Morizot et Lucien Parfait - autre témoin des essais - d'opérer leur catharsis. Il emmène le premier sur place. Dans le déser