La médiocrité de la 59e Berlinale, qui s'achève samedi, pourrait être résumée comme ça : les acteurs sont meilleurs que les films et les bons sentiments les étouffent. Quelques zooms, plutôt qu'un résumé.
Le plaisir
La jubilation fut rare mais est arrivée avec Chéri, adaptation du roman de Colette par Stephen Frears : léger, classique et réussi. C'est l'histoire d'un amour Belle Epoque entre une quinquagénaire demi-mondaine, Léa de Lonval, dite Nounoune, et le jeune Fred Peloux, fils de famille, dit Chéri. Chéri est l'objet du désir de ces dames, une créature ferme du zob et molle de décision : Rupert Friend (nettement plus roupette qu'Everett) incarne parfaitement cette virilité flottante « à l'œil de scie». A 19 ans, fatigué de séduire, Chéri pourrait s'exclamer comme le Casanova d'Apollinaire : «Pour n'être pas aimé/ Grands Dieux ! Que faut-il faire ! Car j'ai déjà charmé/ La ville toute entière.» Et Lea : «J'ai l'impression d'être au lit avec un Chinois. Je ne peux décrire son caractère, c'est comme s'il n'en avait pas.» Michelle Pfeiffer joue Léa. Quiconque l'a entendue prononcer : «Oh ! Cheurrri !» n'ignore plus de quoi est capable le cinéma anglo-saxon en matière de plates-bandes phonétiquement ravagées.
A 50 ans, Pfeiffer a l'âge du rôle sans en avoir l'apparence, le corps d'une actrice hollywoodienne 2009 ayant peu de rapport avec celui d'une courtisane millésimée 1906. Mais elle tient délicatement son emploi de