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Libération
Critique

«Z32», remords dans l’âme

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Israël. Un soldat dit le plaisir puis le cauchemar à Avi Mograbi.
publié le 18 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 18 février 2009 à 6h52)

Il raconte l'attaque, l'excitation. «Ma tête pensait : c'est génial, mon corps fonctionne tout seul, boum-boum, il change de chargeur, insensible comme un robot, et c'est excitant. Autour de moi, on court et c'est le pied, on jubile… on est sous adrénaline, on plane… c'est de vrais tirs de joie. Notre réaction n'est pas "Aïe !" mais "Ouah !" Comme à la fête foraine.»

Le jeune homme, un ancien soldat israélien, est face à la caméra, même si le visage qu’on voit n’est pas le sien, mais une sorte de masque animé où seuls les yeux et la bouche sont à lui. La bouche raconte l’assassinat de deux policiers palestiniens. Les yeux fixent le cinéaste qui l’écoute rapporter, pour la millième fois, et quasi dans les mêmes termes, ce moment d’excitation et de plaisir qui, deux ans après, est devenu un cauchemar.

Z32 est le huitième film de l'Israélien Avi Mograbi. Les précédents (Août, avant l'explosion, 2002, Pour un seul de mes deux yeux, 2005…) sont des docu-fictions, presque toujours des tragicomédies burlesques, et toujours des critiques très dures de la société israélienne. Z32 ne fait pas exception.

A l’origine, il y a l’engagement d’Avi Mograbi dans Shovrim Shtika («Briser le silence»), un groupe qui recueille les témoignages de soldats ayant servi dans les territoires occupés. S’il a voulu faire quelque chose du témoignage de Z32 (le code du soldat dans les archives de Shovrim Shtika), c’est qu’il le trouvait particulièrement dérangeant.