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Libération
Critique

La guerre des Hmong

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Mythe. Eastwood revêt les oripeaux du Clint salopard et vengeur dans un film sur les gangs asiatiques. Une nouvelle variation autour de la rédemption.
(Warner Bros. France)
publié le 25 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 25 février 2009 à 6h52)

Il y a deux joujoux extra dans le film de Clint Eastwood. Le premier a inspiré le titre car, comme plus personne ne l’ignore grâce à la robuste campagne de promotion, Gran Torino est le terme viril qui désigne une puissante voiture chromée sortie des chaînes de Ford en 1972. C’est-à-dire avant le premier choc pétrolier, avant le calamiteux épilogue du Vietnam, avant le Watergate, avant les Bush père et fils et, pas du tout accessoirement, la voiture de fonction des flics marrants Starsky et Hutch, héros éponymes du feuilleton télé. Bref, l’époque où le made in USA rimait avec excellence.

L’autre objet précieux, c’est évidemment Clint Eastwood lui-même. A presque 80 ans au compteur, il incarne lui aussi, en version mâle caucasien, ce que l’Amérique peut produire de meilleur. Cinéaste prolixe à une moyenne de dix films par décennie, il reste en outre une icône plus que présentable avec carrure de fer sous le tee-shirt moulant, chuintement rauque dans la voix et regard d’une sévérité à redresser un bossu.

Poivrots. Le jeu consiste ici à s'amuser avec cette mythologie populaire en posant en préalable que les deux objets de collection n'ont plus leur place dans la société et encore moins dans la rue. Ni la bagnole rutilante, parce qu'elle excite la convoitise des voyous qui ont pris possession de la ville (Detroit, cité déchue de l'industrie automobile autrefois prospère), ni son propriétaire, Walt Kowalski, ancien ouvrier de cette même industrie, vétéran de la gue