Un peintre polono-lituanien aux commandes du récit ; une bande originale chantée en farsi ; une affiche figurant un cheval à masque d’homme : on dirait un film de Paradjanov, en un peu plus torve. Le sujet n’est pas mal non plus, puisqu’il n’y en a presque pas : un poète et un peintre récitent l’histoire de Mohabat, jeune tissandière dont Ali et Oulougbey se disputent l’amour. Le premier a un cheval noir et une passion pour son faucon domestique. Le second un cheval blanc et un casque de tankiste.
«Passion intemporelle». Ça se passe à Boukhara, en Ouzbékistan. Ne pouvant choisir entre les deux garçons, Mohabat décide d'épouser le vainqueur du prochain tournoi de bouzkachi, une sorte de polo où la balle est remplacée par une chèvre angora fraîchement égorgée à l'écran. Le premier jour des jeux, c'est Ali qui gagne, et (surprise) Oulougbey le lendemain. Il ne reste plus qu'un jour et quinze minutes de film pour les départager : suspense à grosses gouttes.
Les personnages ne sont pas beaucoup plus caractérisés que les chevaux ou les cailloux de la steppe, car il s'agit, dixit le réalisateur, d'«une histoire de passion intemporelle entre l'homme et la femme, entre l'animal et l'homme, entre les vivants et "mère nature"». Malgré la convocation du poète Hâfez, le film écrase plus volontiers l'humain sous le joug d'une nature fatale qu'il ne met en valeur l'indépendance et la liberté créatrice de l'homme face à sa destinée. Plus rien ne le différencie du che