Le jeune homme assis à la table du café est un admirateur de Bresson et de Fassbinder. A côté de lui, sa scénariste, Yvette Byro, qui est aussi une universitaire reconnue depuis les années 70. Tous deux sont hongrois. Ne pas appartenir à la même génération ne les empêche nullement de s’entendre pour accoucher d’un film à vif qui, sur le papier, pourrait porter tous les stigmates de ce que les mauvaises langues appellent les «films de festivals». Un surnom assassin pour recouvrir une somme de traits qui font sous-genre : mutisme des personnages, plans longs, maniérisme minimal, ennui volontaire.
Mythologie. Mais Delta vaut mieux que ces clichés. Il est porté dans sa dernière partie par une fureur qui confine à la mythologie. Et comme la pulsion est bien la dernière chose dont veut s'encombrer un film de festival… Delta est la preuve apportée qu'après trois films, il va falloir surveiller Kornél Mondruczó d'assez près. Ne serait-ce ici que par la façon, très proche, finalement, de l'Ame sœur du Suisse Freddi Murer, dont il s'acquitte d'un film sur l'inceste pour en faire autre chose de plus large. Delta est l'endroit, but du monde, où un frère et une sœur, qui n'ont pas grandi ensemble, prennent le large et se rencontrent.
Mais comme on n'est jamais seul au monde et qu'il y a toujours un imbécile à quelques mètres pour vous juger et vous nuire, ces deux atomes silencieux vont voir d'autres hommes, saouls, arrogants, cons et fiers, se dresser co