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Libération
Critique

Sean Penn fait le gay

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Mili-tante. Porté par l’oscar 2009 du meilleur acteur, le biopic de Gus Van Sant investit la fulgurante carrière politique de Harvey Milk, politicien homo assassiné en 1978. Un film politique et d’actualité.
publié le 4 mars 2009 à 6h51
(mis à jour le 4 mars 2009 à 6h51)

Gus Van Sant est un cinéaste inspiré. Ses dix films en témoignent, qu'ils soient dans le système hollywoodien ou à sa marge : tous sous influence. Cas d'école extrême, son remake du Psycho d'Hitchcock (1998), sans doute sa tentative la plus artiste de reconstruire pierre à pierre un monument du cinéma. Film moderne et warholien qui guette la différence dans la répétition, le simulacre sous la copie, entre autres parce qu'il investit le personnage clef de Norman Bates d'une autre charge sexuelle (le massif Vince Vaughn au lieu du maigrelet Antony Perkins). Aux antipodes de cette visitation iconoclaste du classicisme, Elephant (2003) empruntait son style déambulatoire à un autre Elephant, celui, expérimental, d'Alan Clarke, tourné en 1989.

Harvey Milk relève, lui aussi, de cette connaissance encyclopédique des codes cinématographiques qui autorise leur perversion, voire leur dévastation. Sur le papier, une biographie épique et réglo relatant les huit dernières années de la vie de Harvey Milk qui, dans les années 70, fut le premier homme politique ouvertement pédé à être élu à des fonctions officielles (à la mairie de San Francisco) avant d'être assassiné.

A l’image, rien que de familier : noria entre flash-back et récit au jour le jour, salade mixte entre documents d’archives et fiction, musique dramatisante quand la situation est dramatique, mouvements ascendants de caméra quand la fièvre monte, d’approche lorsque l’intimité domine. On dirait