Quelques semaines avant la sortie du film en France, Gus Van Sant et Dustin Lance Black, le scénariste, ont donné quelques interviews à Paris. Une occasion de mesurer que les deux hommes n’ont pas tout à fait la même vision, ni de l’époque, ni du personnage d’Harvey Milk, ni du film.
Harvey Milk est-il un film politique ?
Dustin Lance Black : Dans la mesure où c'est l'histoire d'un politicien, c'est inévitable. D'autant que nous avons choisi de couvrir la période qui va de son entrée en politique jusqu'à son assassinat.
Quel est le message du film ?
D.L.B. : Le même que celui de Harvey. Il a favorisé la coopération entre les différentes minorités pour obtenir plus de pouvoir politique, et il a trouvé des renforts plutôt inattendus pour s'allier aux gays : les retraités, les syndicats et les communautés chinoise et noire, très importantes à San Francisco.
Gus Van Sant : L'histoire de Harvey est entièrement vue à travers ses actions politiques. J'ai essayé de faire écrire à Lance des scènes non politiques mais il ne voulait jamais, parce qu'il se serait senti coupable.
D.L.B. : Pourquoi tu dis ça ?
G.V.S. : Il se serait senti coupable parce que la justification de son récit était politique.
D.L.B. : Il fallait que je choisisse un angle, donc j'ai choisi celui-ci en espérant que la politique gay mènerait toujours à quelque chose de personnel, parce que ce ne sont pas les lois du commerce qui sont en jeu, mais celles de la chambre à coucher. Il s'agit de légiférer sur la vie amoureuse, sur le droit d'être aimé…