«Revanche» est un mot polyglotte qui se comprend en français, en anglais et en allemand. L'autrichien n'étant pas tout à fait de l'allemand, Götz Spielmann donne à sa propre Revanche un tour singulier. Son enjeu nous est livré en quelques séquences d'introduction magistrales. Dans un bordel du quartier rouge de Vienne, l'homme à tout faire Alex et Tamara la putain forment couple, un peu comme s'il s'agissait d'une liaison plus ou moins discrète entre employés d'une même et banale entreprise. La vie du bordel est captée par un œil intense mais retenu, filmée avec une sobriété de vieux western, sans aucun effet de plongée dans l'aquarium aux turpitudes.
Alex et Tamara, d'origine ukrainienne, ont un plan : se faire une petite banque proprement et disparaître au soleil. Le braquage tourne mal à cause d'un flic de passage. Une balle perdue gomme brutalement Tamara de la vie d'Alex et du film que nous nous apprêtions à voir. Revanche peut commencer.
Tricotages. Il faut en attendre la fin pour comprendre pourquoi il ne s'est pas appelé «Vengeance» et c'est là tout le bel art de Götz Spielmann : consacrer son suspense, bien réel, à une sorte d'évaluation morale du crime commis, des droits du coupable et du degré de sa dette. Le coupable est le flic zélé, bien sûr, qu'un enchaînement de circonstances va mettre sur la route d'Alex et donc à sa merci. L'un et l'autre ennemis ont une vie, aiment une famille, connaissent des drames et présentent, chacun à sa façon, la