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Libération
Critique

Le réel en porte-à-faux

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Docus. Maîtres-mots au festival du Centre Pompidou : une subjectivité assumée et la noirceur observée droit dans les yeux.
publié le 11 mars 2009 à 6h53

Etant une fois entendu que le réel est d’abord la façon dont on le perçoit, le cinéma du même nom pourrait essentiellement être celui qui assume sa sale subjectivité au lieu de la planquer sous un semblant de neutralité ou, pire, un moralisme transcendant à deux balles.

Parmi la quarantaine de films en compétition dans cette 31e édition, Désordre, du Chinois Weikai Huang (projeté demain et samedi), est ainsi un poème visuel qui ramasse les membres d'un corps social épars en alternant «vingt événements urbains» qui font résistance : un homme menace de se jeter d'un pont, un autre simule l'accident sur une route, un troisième fait des passes de corrida entre les voitures. Quelques arrestations musclées, aussi. Et des objets trouvés : un cafard géant dans une soupe, un crocodile échappé ou un bébé dans un terrain vague, obsédant, dont le petit bras emmitouflé fait signe toutes les cinq minutes, sans drame ni pitié. En noir et blanc à gros grain, Désordre montre sans baratin comment la vie se joue des interprétations. Rien n'y étant imposé, on s'y balade en liberté.

Renversements.Similairement anti-bons sentiments, voire provoc, l'Israélien Yoav Shamir part dans Defamation (ce soir et samedi) à la recherche de l'antisémitisme. Où il apprend que sa mémé sioniste (vivant à Jérusalem) pense que les juifs sont tous des escrocs usuriers. Assez michaelmooresque, mais de meilleure foi, Shamir se moque allègrement de la paranoïa de l'ADL (ligue anti-diffamation américain