L’idée que l’on se fait d’un festival de cinéma est une pure fabrication historique. Elle varie selon les époques et les circonstances, en fonction des attentes et de l’état de la société où elle évolue. La cohérence d’un festival ne dépend pas de sa conformité à un idéal introuvable, mais de sa capacité à faire rayonner une fonction miroir, où le monde présent se voit réfléchi, y compris dans ses incohérences.
Un festival du cinéma asiatique se tenant à la fin de l’hiver 2009 attire ainsi sur lui des regards, des questions ou des espoirs très différents de ceux qu’on aurait pu imaginer il y a un an à peine. Les couleurs du monde ont depuis été repeintes, plutôt en sombre, et un réflexe irrépressible nous pousse à sans cesse réévaluer les faits, les œuvres et les idées à l’aune de cette lumière tamisée. C’est sans doute trop demander aux films, qui souffrent d’un effet retard insurmontable en raison de la lourdeur de leur fabrication : même très allégée, ainsi que le modèle s’en développe en Asie comme partout ailleurs, difficile de lancer, tourner et conclure une production en moins d’un an.
Fil blanc. À l'inverse, le cinéma peut souvent être prophétique, séminal. Cet entre-deux inconfortable, entre le tardif et le précoce, donne naturellement toute sa grandeur et son risque à un festival. Celui de Deauville, qui a bouclé sa onzième édition ce week-end, a respecté ce contrat avec une certaine bravoure, malgré le rayon finalement modeste de sa surface médiatiq