Oui, tous les films de Jia Zhang Ke se ressemblent. Loin d’être tous les mêmes, ils partagent une identité commune, profondément inscrite au cœur de leur trame. Non seulement ils se ressemblent, mais il suffit d’un plan ou deux pour les reconnaître, identifier cette nature, ce parfum, ce tempo inimitables. C’est vrai, un plan de Jia Zhang Ke peut durer longtemps, nous laissant d’autant plus de chance de nous y absorber. Tout son cinéma est d’ailleurs un véhicule pour l’absorption. Qu’il filme la construction du barrage des Trois-Gorges, l’activité des usines textiles dans les zones littorales, les travaux d’un peintre, un parc à thème ou des canaux maraîchers, tout le bric-à-brac du monde prend, sous la loupe de Jia Zhang Ke, la même puissance d’hypnose sereine contre laquelle on perd tout argument pour résister.
Cette ressemblance entre les films, cela s’appelle un style. Et si celui de Jia Zhang Ke, en plus d’être admirable, est si reconnaissable, cela tient aussi à cette explication: cet homme-là écrit, met en scène, photographie, monte et produit pratiquement tous ses films. Rien de mieux pour imposer sa marque.
Avec 24 City, l'étrange processus de magnification de la ruine, du chantier, de la poussière, se poursuit. Nous sommes sur le terrain vague exemplaire de tous les terrains vagues chinois, dans la ville de Chengdu, au milieu d'un chantier où s'édifie une résidence luxueuse typique du nouvel âge où la Chine s'engouffre. A cet emplacement même s'élevait il y