Il était une fois en France, à la fin du XXe siècle, une jeune fille à l'apparence saisissante, qui renvoyait à la Renaissance. Cette nouvelle Eve, prénommée Sophie, fit au cinéma immédiatement sensation : l'Ennui, son tout premier film, lui valut une nomination au césar du meilleur espoir. Idem de Harry, un ami qui vous veut du bien, deux ans plus tard. Son sort s'annonçait glorieux. Or elle disparut. Une ou deux comédies anecdotiques, et puis plus rien. Comme si la callipyge au regard de chat qui avait crevé l'écran telle une météorite s'était dans un mouvement aussi violent tout bonnement volatilisée. Et puis, le printemps 2009 la vit resurgir au détour d'Un chat un chat, en copine terre à terre d'une écrivain aux airs de Petit Chose (Chiara Mastroianni). Un rôle annexe, mais cela suffisait à vouloir rencontrer la revenante. Sans compter qu'il se disait qu'elle avait non seulement mis les voiles mais aussi pris le voile, musulman. Quelle histoire. Soit elle est fausse, et c'est dire son potentiel fantasmatique. Soit elle est vraie, et c'est pour le moins singulier, radical, intrigant.
«On a raconté n'importe quoi. Que mon compagnon m'interdisait de travailler, qu'il m'avait envoyée dans un camp en Arabie Saoudite. En fait, je suis partie vivre dans une maison près d'un lac, à Melun, pour un ensemble de raisons parmi lesquelles, oui, il y avait la religion.» Elle est fraîche comme la rose, vive et réactive, Sophie Guillemin, qu'o