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Libération
Critique

Manège enfanté

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publié le 25 mars 2009 à 6h52
(mis à jour le 25 mars 2009 à 6h52)

Malgré ses efforts pour avoir l'air pâteux, manier le cliché sous vide (mutisme incommunicable, vierge enceinte, coccinelle libre) et avoir couleur locale (macédonienne), Je suis de Titov Veles échoue lamentablement à être nul. Peut-être est-ce dû au récit, doucement décousu, extrudé au rêve chaque fois qu'il commence à prendre forme, crevé en brume chaque fois qu'il s'assombrit. Ou à la caméra millimétrée de Teona Mitevska et sa chef op Virginie Saint Martin, as du montage dans le plan (utile pour surprendre, empiler et mélanger les couches de signification, découper quatre cadres et autant de possibles à l'intérieur d'un seul), ainsi que des dynamiques, couleurs et lumières en nuancier archi-pensé. On pourrait dire aussi : c'est un film qui s'ouvre sur des pas solitaires courant le long d'une fresque réaliste socialiste et qui va vers un couple allongé dans un champ repeint façon land-art, un voyage politico-intime qui serait aussi une histoire de la peinture.

A part ça, on ne sait pas trop de quoi ça parle. Il y a trois sœurs, une maison qui est un pays (la Macédoine), d’où les visas pour l’ailleurs sont difficiles et qui parfois aussi prend feu. Sapho, la moins dessinée ; Slavica, qui gobe sa méthadone en shoot et rêve d’épouser un riche homme véreux ; l’héroïne enfin, Afrodita, qui a décidé de ne plus parler et se découvre enceinte. C’est par ses yeux de fougère que tout est vu, que le sens se verse et bouleverse assez souvent des scènes évoquant un surréalisme