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Libération
PORTRAIT

Faire bien le mal

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John Woo. Maître du cinéma d’action, ce Chinois de 62 ans a grandi à Hongkong. Eduqué chez les jésuites, il continue d’explorer la dualité de l’âme humaine.
publié le 27 mars 2009 à 6h52
(mis à jour le 27 mars 2009 à 6h52)

Un cercle. La moitié de sa surface est blanche, l'autre noire. Ce petit homme effacé en complet veston est un maître du cinéma d'action hongkongais, a signé des blockbusters hollywoodiens et détient le record d'entrées en Chine avec son dernier long métrage. Il a dirigé Jean-Claude Van Damme dans un film bourrin et infantile - Chasse à l'homme - mais la critique enthousiaste loue ses chorégraphies stylisées et lui reconnaît plusieurs chefs-d'oeuvre : Volte/Face, The Killer, au minimum. De sa voix basse de fumeur, il assure ne rien haïr plus que la violence et continue de truffer ses plans de macchabées en miettes.

Pour évoquer John Woo, convoquer le yin et le yang est une facilité, sans doute. Mais le yin et le yang, c'est un point blanc dans une mer noire, et inversement. Certainement pas un cercle coupé en deux. Chez Woo, jamais avare de symbolique transparente, les opposés s'affrontent parce que toujours ils cohabitent. Etude en niveaux de gris.

Calmement, il réfute en bloc toute vision manichéenne du monde. Et pourtant, comme un féru de comics type M. Night Shyamalan, il tient aux heroes and villains et revendique son goût pour les figures.«J'aime les héros qui donnent leur coeur pour les autres. Le message de mon dernier film, les Trois Royaumes, c'est que les gens doivent s'unir pour vaincre les difficultés. La guerre n'est bonne pour personne. Il n'y a jamais de vainqueur dans une guerre.» Simpliste ou universel ? Les deux, mon général