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Libération
Critique

L’orgasme vital de Brisseau

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Mystique. Le cinéaste poursuit son exploration du plaisir dans «A l’aventure».
publié le 1er avril 2009 à 6h52

Il y a eu trop de choses ces dernières années et sans doute ne savons-nous plus aimer les films de Brisseau. Peut-être que lui-même ne sait plus comment il doit les regarder. On écoute Etienne Chicot, chauffeur de taxi fatigué, enseigner en introït du film, bavardage de midi à la brune et jolie Sandrine, quelques données philosophiques énoncées sur ce banc de square, où il fait un peu cloche, vieux fadé. On observe Chicot plus qu’on ne l’écoute, on ne voit bientôt plus que les traces de sa fatigue, du détachement venu et, très vite, on sait qu’à travers lui c’est Brisseau qui vient de se mettre en scène. Pas une apparition signature à la Hitchcock, son maître, mais bien l’aveu d’une position.

Arrière-monde.Celui à qui on a tellement reproché, en justice (Brisseau a été condamné à un an de sursis pour harcèlement sexuel en décembre 2005) ou ailleurs, de s'être impliqué physiquement dans son sujet, d'avoir voulu dévisager le plaisir féminin, en percer le secret, l'infâme Brisseau est là, avachi, cassé. Comme pour bien nous dire que cette fois, il ne partira pas lui-même à l'aventure. Il les laissera faire, il les observera à distance, depuis son banc : les filles, toujours jeunes, toujours un peu pareilles, avec ce maintien et cette froideur apprise dans les classiques d'Hollywood. En même temps que cette fausseté de ton, ces hésitations, cette absence de conviction qui sonne chaque fois plus téléfilm M6 cucul la praline. Nos vieux dimanches soirs. Les mecs, mal servis.