Par un curieux hasard de calendrier dans l'imaginaire collectif occidental, Adoration traite à peu près du même sujet que la Fille du RERde Téchiné. Simon, un adolescent orphelin, réussit à faire croire à ses camarades de lycée et à la moitié de la blogosphère canadienne que son père a jadis planqué une bombe dans le sac de sa fiancée enceinte, avant de la pousser dans un avion pour Israël.
Bien assis et au chaud, pendant une demi-heure, on s’intéresse à cette histoire de fascination, de vertige et de medium pervers. Songe et mensonge, etc. Bon, évidemment, on ne sait pas trop pourquoi la prof de théâtre de Simon (Arsinée Khanjian, la compagne d’Egoyan) se rend chez lui et son tuteur déguisée en Vénusienne islamique, mais on se laisse volontiers titiller. Plus la supercherie avance, montée en parallèle avec des flash-back familiaux (qu’on se rassure, pour repérer les différents niveaux de narration, Egoyan a alterné neige et soleil), plus la remontée de Simon aux sources réelles de la mort de ses parents finit par peser.
Alors qu’on croyait Simon imaginairement né d’une déflagration antisémite doublée d’une guerre des sexes métaphorique (on s’apprêtait à écrire un couplet luisant sur la blessure et l’origine, voire la judéité comme symbole actuel des souffrances issues de la naissance), on doit bien finir par admettre que Simon n’a lu ni Freud ni Blanchot et que son déplacement-condensation n’est pas aussi excitant que sa gueule de minou pervers.
Mais, pour être f