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Libération
Critique

Kurdes sensibles

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Peshmergas. Superbe premier film, dans un nord irakien dévasté.
publié le 15 avril 2009 à 6h52

Que distingue-t-on à travers la poussière ? Un petit garçon de 5 ans. Il est pieds nus, il pleurniche, il est perdu et se prénomme Saddam. Ce qui ne porterait à aucune conséquence si ce jour-là et à cet endroit précis, se prénommer Saddam n’était le pire handicap qui soit.

Ritournelle.Nous sommes dans le nord de l'Irak, région majoritairement kurde, et ce jour d'avril 2003 les autochtones fêtent la chute du dictateur Saddam Hussein qui, pendant des années, s'était ingénié à les massacrer. Pour le jeune Saddam, garçon arabe au prénom désormais honni (sous le régime de Saddam Hussein, chaque famille qui donnait le nom de Saddam à un garçon nouveau-né touchait une prime), la situation se complique dès lors qu'il rencontre Azad et Rashid, deux peshmergas kurdes, guérilleros chargés d'une mission de ravitaillement à bord d'une camionnette pleine de nourriture. Azad, le plus jeune, s'entiche de l'enfant, amadoue sa méfiance en lui jouant une ritournelle sur son pipeau, veut le ramener chez lui. Mais c'est où «chez lui» ? Rashid, qui a perdu une de ses jambes sur une mine irakienne, ne veut pas entendre parler de ce «fils de chien et chien lui-même». Mais à force de palabres où il est vaguement question d'humanité, Saddam monte à bord de la camionnette des peshmergas, bientôt aussi perdus que l'enfant. Ils tournent en rond dans une ville dévastée, ne trouvent pas leur destination, se font voler leur camionnette et sa popote, s'engueulent à ce sujet et surtout sur le so