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Libération
Critique

«Sois sage» et réfléchis un peu

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Silences. Long métrage exigeant de Juliette Garcia, avec Anaïs Demoustier.
publié le 15 avril 2009 à 6h52

On croit déceler chez Anaïs Demoustier quelque chose de la Sandrine Bonnaire des années 80. Apparue au début de la décennie, la jeune actrice est déjà passée chez Michael Haneke (le Temps du loup) ou, plus récemment, Christophe Honoré (la Belle Personne). Néanmoins, elle n'avait pas souvent disposé d'un tel espace pour développer son talent insidieux - sinon dans les Grandes Personnes, plaisante flânerie atmosphérique d'Anna Novion où elle incarnait la fille de Jean-Pierre Daroussin.

Dans Sois sage, la caméra de Juliette Garcia - monteuse passée par le court métrage et le docu, qui signe là son premier long - n'en a ainsi que pour Anaïs Demoustier. Ce qui se comprend. Personnage qu'on devine intense et fragile sous une carapace laconique qui lui confère un air absent, elle est Eve, une jeune femme qui se fait embaucher dans une boulangerie de campagne pour aller distribuer le pain à bord d'une camionnette, dans les maisons et fermes alentour. Très rapidement, on saisit que ce job a un unique objectif : permettre à Eve de se rapprocher d'un homme mûr et distingué, qui vit avec femme et enfant, mais avec lequel elle a à l'évidence eu une liaison. Une autre réalité, bien plus inavouable, se dissimule sous cet épisode sentimental presque ordinaire ; c'est même là que réside toute la spécificité audacieuse d'un drame qui aura pris le temps d'avancer avec précaution.

Au lieu de tout effet incommodant, Juliette Garcia soigne son approche cérébrale, au risq