Il y a au moins deux éléments à porter au crédit de Bertrand Tavernier à propos de son film. D'avoir bon goût et d'avoir bien préparé son affaire. En adaptant Dans la brume électrique avec les morts confédérés, il a sans doute choisi le meilleur roman de James Lee Burke impliquant son héros Dave Robicheaux. Il a ensuite demandé à l'incontestable (du moins dans ce rôle) Tommy Lee Jones d'incarner le flic dépressif et colérique de Louisiane. Enfin, le réalisateur français a plongé, avec l'insouciance de ses 68 ans, dans l'aventure d'un tournage en Louisiane, avec une équipe exclusivement américaine.
Prisonnier. D'où vient alors l'étrange sentiment d'inachevé qui domine le film ? Ou plutôt les films, puisqu'In The ElectricMist, la version américaine exclusivement distribuée en DVD, est sensiblement différente de celle qui sort en salles aujourd'hui en France. Car si Tavernier a saisi à bras-le-corps l'essence du livre et de l'univers de Burke - le poids du passé dans ce Sud secret, l'extraordinaire violence tapie jusque dans les fondations de la Nouvelle Orléans, la puissance autodestructrice du personnage -, il semble aussi en être resté prisonnier. «Je n'ai jamais senti cela, répond Tavernier. Outre le livre, ce qui m'a séduit, c'est le désir de connaître cette Amérique dont j'ignorais tout, plonger dans un monde inconnu. Et j'ai pris beaucoup de libertés avec le roman, éliminant des personnages et des passages entiers.»
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