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Libération
Interview

«Je sais désormais que filmer aide»

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Kore-Eda Hirokazu. Rencontre avec le réalisateur, qui a puisé dans son histoire :
publié le 22 avril 2009 à 6h52
(mis à jour le 22 avril 2009 à 6h52)

Le printemps a frappé tôt sur Tokyo. La floraison des cerisiers est déjà de l’histoire ancienne, la chaleur en ce lundi midi d’avril est lourde, surprenante, l’orage ne saurait tarder. Une foule chic se presse dans le quartier de Shinjuku, les élégantes sont en terrasse d’une pizzeria et si on prêtait l’oreille, on pourrait entendre remonter leurs conversations.

Nous sommes deux étages plus haut, dans le bureau obscur d’une maison de production. Une armée d’assistantes a prévenu Kore-Eda Hirokazu de notre arrivée. Journaliste ? Plutôt tortionnaire, affameur. Car à cette heure-là, Kore-Eda Hirozaku, 41 ans, cinéaste depuis 1991, auteur de six documentaires et d’autant de fictions, pourrait enfin déjeuner sur le pouce. Prendre une pause méritée.

«Evénements douloureux».Quand il arrive, comme décalqué, ses yeux ne sont quasiment plus en face des trous, il rigole presque de sa propre fatigue : il est depuis la veille au matin non-stop sur les finitions du montage de son prochain film. Des émissaires cannois doivent passer en milieu de semaine et il sait qu'énormément de choses reposent sur cette visite. L'an passé, il n'y avait pas eu de films japonais en compétition à Cannes, au risque de frôler l'incident diplomatique. Ni Tokyo Sonata (de Kurosawa) ni, justement, Still Walking n'avaient séduit les sélectionneurs. Cette année, le choix sera encore plus serré : Shinji Aoyama n'a pas tourné, Kurosawa non plus, Suwa a fait un film en France mais pe