Quinze jours après l'estimable A travers la poussière, «virée» tragico-burlesque de Shawkat Amin Korki dans le Kurdistan irakien, l'Enfant de Kaboul présente la même physionomie. Dans une contrée où les trous creusés par les bombes ne sont pas prêts d'être comblés, pas plus que les meurtrissures physiques et psychologiques effacées, la confrontation inopinée entre un adulte et un bambin non identifié explicite la situation d'un pays dont on se demande bien quand et comment il parviendra à se reconstruire.
Direction cette fois Kaboul, où Khaled articule sa vie comme il peut entre une descendance exclusivement composée de filles, un père omniprésent et le taxi qu'il conduit la journée. Lui qui transporte les étudiants à l'œil négocie à peine quand une femme en tchadri monte à bord du véhicule avec un bébé dans les bras. Mais quelques minutes plus tard, la situation dérape puisque la maman voilée descend en abandonnant délibérément le nourrisson, tout petit frère du Saddam d'A travers la poussière, dont Khaled ne sait pas quoi faire.
S’en suit une autre odyssée, là encore attristante et cocasse qui, mieux que tant de rapports circonstanciés, détaille avec verve le marasme dans lequel se débat l’Afghanistan actuel : couvre-feux et contrôles à répétition, menace terroriste, pénurie énergétique et alimentaire, ONG bienveillantes mais un peu larguées, administration bornée ou corrompue, individus qui règlent leurs comptes en déterrant les compromissions d’antan,