Depuis sa formation à la Tisch School of the Arts de New York, la réalisatrice du Sens de la vie pour 9,99 $ s'est spécialisée dans les films d'animation en stop motion (image par image). Entretien avec Tatia Rosenthal lors de son passage à Paris.
Par quels moyens techniques parvient-on à créer de l’émotion dans un film où les personnages sont des figurines de silicone ?
Prenons les expressions du visage : nos figurines peuvent lever et baisser le menton, lever les sourcils et tourner les yeux. La bouche, c’est encore autre chose : chaque figurine en a plusieurs. Quand un personnage parle, on change la bouche toutes les deux images. S’il ne parle pas, c’est un peu moins souvent.
Comme pour n’importe quel film, on tourne à 24 images par seconde. Mais on bouge ou on modifie le personnage toutes les deux images, on change donc son expression 12 fois par seconde. Tout cela prend énormément de temps : on tourne au maximum trente secondes de film par animateur et par jour.
Pour ce film composé de six lignes de récit différentes (Albert et l’ange, l’enfant et le cochon-tirelire, les amoureux…), nous avions un animateur par récit, chacun était responsable d’un plateau de tournage et des mouvements de ses deux ou trois personnages.
Comment un animateur sait-il quels mouvements, exactement, vont exprimer le sentiment dont il a besoin ?
Théoriquement, c'est comme quand on joue : un acteur sait quoi faire de son visage. Les animateurs savent comment ils joueraient la scène s'ils étaient acteurs. Ils doivent ensuite réfléchir à la manière de transférer ce jeu à leurs petites marionnettes. Il arrive que les animateurs utilisent des images filmées pour construire ces expressions. Soit en filmant des acteur