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Libération
Interview

«Ce film est adressé aux jeunes Japonais»

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publié le 6 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 6 mai 2009 à 6h51)

Kôji Wakamatsu a 73 ans, 150 films ou presque au compteur et une histoire. Rencontre avec un cinéaste sombre : sans soleil.

Vous avez connu d’assez près l’Armée rouge unifiée…

Je la soutenais comme beaucoup d’intellectuels. Tout le monde a tourné sa veste une fois que l’on a découvert les purges au sein du groupe, mais assister à la naissance d’un groupe armé capable de déstabiliser l’Etat était un sentiment très fort. On avait des raisons : notre génération ne voulait pas répéter les erreurs de nos parents qui avaient fait la guerre. Nous n’avions pas connu Okinawa ou Hiroshima. Mais on ne voulait pas de la reconduite du Traité de sécurité nippo-américain, les bases américaines nous scandalisaient. La constitution japonaise créée par les Américains interdisait au Japon de faire la guerre tout en autorisant la reconstitution d’une armée nationale, ce qui était contradictoire. Ce sujet est devenu un des motifs essentiels du mouvement étudiant, entre 1960 et 1970. Il y eut ainsi les émeutes de la gare de Shinjuku en 1968, où nous contestions le transport via le Japon des armes américaines pour le Vietnam… Mais la rencontre Nixon/Mao en février 1972 a été une grande déception : toute notre idéologie prochinoise et antiaméricaine apparaissait soudain dans toute sa superficialité.

Le film n’affiche aucune complaisance envers l’Armée rouge…

Je n’ai pris aucun plaisir à faire ce film. C’était très dur pour moi. Mais j’ai plus de 70 ans et je ne veux rien regretter. Je ne considère pas ce film comme mon autocritique. Je l’ai pensé comme un dialogue ouvert adressé à des jeunes Japonais qui depui