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Critique

La vérité est Baier

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Corps. Film rusé du cinéaste suisse, qui interroge la façon dont on l’aime.
publié le 6 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 6 mai 2009 à 6h51)

C'est l'histoire d'un critique de cinéma qui, n'ayant aucune idée en propre, recopie mot pour mot les articles des autres, s'en trouve bien, et les fait imprimer sans vergogne. Il rencontre ensuite une star de la profession qui lui montre qu'on peut écrire sur n'importe quel film en interchangeant les épithètes et prétend qu'«un clin d'œil à un film dans un autre film, c'est comme une main au cul dans un repas familial.» Allez faire, après ça, la recension d'Un autre homme.

Lionel Baier n'en est pas à son premier coup délicieusement pervers. Avec Garçon stupide, en 2005, il torturait un jeune gay en caméra subjective. Comme des voleurs (à l'est) le mettait deux ans plus tard en scène et au volant au côté de sa fétiche Natacha Koutchoumov, dans une autofiction faisant de nous tous des juifs polonais. Lui est protestant, lausannais et fils de pasteur, comme le prouvent ses documentaires, disponibles depuis mars en DVD.

Possibilité de faux absolu. Quand on le rencontre, Baier est brillant, joueur et doucement masochiste. Il dit pourquoi le format 4/3 ne convient pas aux scènes de lit, et comment le visage d'une actrice peut tutoyer un pénis sans perdre son ascendant. Que Bulle Ogier (dans une brève apparition finale) incarne le sentiment du héros d'être asynchrone, c'est-à-dire l'impression de Baier que chacun de ses films, réalisé toujours trop tôt ou trop tard, souffre de celui qu'il était au moment où il l'a fait. Et aussi p