Un modèle, pour ainsi dire déposé, rapproche les pourtant fort dissemblables Un mariage de rêve (Easy Virtue) et Good Morning England : la comédie à l'anglaise. Car, plus que la trentaine d'années qui sépare les deux récits, c'est surtout un gouffre social qui distingue la bourgeoisie britannique telle qu'infiltrée par l'auteur à succès Noël Coward et transposée à l'écran par Stephan Elliott (Priscilla, folle du désert) du foutoir rock notablement libertaire reconstitué par Richard Curtis.
Dans Un mariage de rêve, il est question d'une zizanie familiale amplifiée par l'arrivée d'une bru américaine plutôt délurée et modérément portée sur les convenances. Ainsi, l'ambiance compassée vole en éclats quand l'insupportable clébard de la maisonnée périt accidentellement étouffé sous le popotin de l'intruse ou lorsqu'une fête de patronage vire à l'exhibitionnisme non moins imprévu. Tout cela, circonscrit dans un manoir typique, pourrait déclencher une extravagante pyrotechnie, mais l'ambiance demeure plate et l'insolence, quasiment théorique. A deux ou trois perfidies près, on manque même piquer du nez à plusieurs reprises.
Le risque est moindre concernant Good Morning England, où, là aussi, un Américain (Philip Seymour Hoffman, toujours si bon qu'il s'en sortirait même en jouant un petit rat de l'opéra) complète l'équipage british. L'histoire, écrite et réalisée par Richard Curtis (Quatre mariages et un enterrement, Love Actually)