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Libération
Critique

Wakamatsu voit rouge

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Révolte. Le cinéaste revient sur l’histoire tragique de la Fraction armée rouge japonaise, dont l’autodestruction, à la fin des années 70, signa la fin de toute contestation de gauche dans l’Archipel.
(Masayuki Kakegawa Wakamatsu Production)
publié le 6 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 6 mai 2009 à 6h51)

Trois heures et dix minutes. Il faut trois heures et dix minutes d’amertume à Kôji Wakamatsu pour raconter douze ans de contestation au Japon, une parenthèse ou presque qui va des premières grandes manifs estudiantines de juin 1960 contre le Traité de sécurité nippo-américain jusqu’à l’épisode sanglant du chalet d’Asama, en février 1972, où l’on vit les cinq derniers membres de la folle United Red Army enterrer pour longtemps dans leur propre échec toute possibilité de révolte au Japon. Trois heures (vives, brutes) qui ont maturé trente-cinq ans dans l’esprit du plus sauvage, du plus ecchymosé des cinéastes japonais.

Course désespérée. Pour qui n'aurait jamais rencontré l'animal Wakamatsu, disons qu'il s'agit en l'état d'un cas unique dans l'histoire du cinéma : commencé yakuza (plutôt abonné aux basses besognes, de son propre aveu), il a la révélation foudroyante du cinéma en découvrant les films de Godard au début des années 60. Epoque bénie où il se politise en rejoignant les branches les plus extrémistes de la gauche japonaise. Ses films circulent dans le circuit Pink : la sexploitation. Sauf que ses Pink films à lui (Go, Go Second Time Virgin, Sex-Jack, les Anges violés, Quand l'embryon part braconner…) ressemblent davantage à des tracts politiques tachés de foutre. C'est noir, intransigeant, sadien, graphiquement sublime.

En 1970, Wakamatsu part de son propre fait au Liban filmer le FPLP de Georges Habache. Un front palestinien