Alors que les mordus des marches installent leurs escabeaux face au Palais des festivals, Claire revient vers son «lit», un exemplaire de Variety à la main. Il est 8 heures. Tee-shirt jaune un peu usé, jean noir, elle a dormi là, par terre, à côté de la boutique officielle, abritée par un massif de fleurs, qui la masque à la Croisette. «On n'embête personne, on nous laisse tranquilles», glisse cette rousse aux yeux bleus dans un grand sourire, pendant que ses deux voisins, des Polonais rencontrés la veille, dorment encore.
Banc. Dans la journée, elle s'installe sur un banc, fait un peu la manche, s'en remet aux bons alimentaires dispensés à l'église, et aux toilettes publiques ou aux douches municipales pour se laver. Claire a 45 ans, elle vient de Longwy (Meurthe-et-Moselle), où elle loge à l'hôtel. Elle est descendue en train, en plusieurs étapes, est arrivée il y a deux jours et vit «un peu dans la rue».
C'est son cinquième festival, les précédents remontent à la fin des années 80. Elle est au RMI et fan de cinéma. Dans le magazine du jour, elle admire les photos de films et se lance dans les pronostics. «Les Asiatiques, ce sont eux qui ont tout juste cette année.» Elle voit bien le film du Chinois Lou Ye primé, aimerait le voir. «Hier, j'ai essayé d'avoir l'accrédite, je me suis fait passer pour une copine de Pete Doherty, mais ça n'a pas marché. Dans le temps, j'étais gonflée, j'arrivais à avoir des entrées.»
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