La principale qualité de ce film chilien, c’est sa discrétion. Une journée dans la vie d’une famille rurale dans le sud du Chili. La grand-mère, Alejandra, et le grand-père, Cornelio, leur fille, Clemira, et leur jeune petit-fils, Manuel. Le principe est simple comme une mathématique élémentaire. A quatre reprises, le film accompagne l’emploi du temps de chacun des protagonistes. La grand-mère qui va vendre des fromages au bord d’une route ; la fille qui travaille comme bonne à tout faire dans une hacienda pour touristes ; le gamin qui va à l’école ; le grand-père qui s’active aux champs.
La mémé déploie des trésors de patience et de gentillesse avec des nantis qui ne descendent même pas de leur voiture pour négocier, toujours à la baisse, le prix des fromages. Clemira qui guigne quelques pesos à sa patronne très empressée de lui faire la morale («tu devrais surveiller tes dépenses») sans lui filer un rond. Le petit garçon qui bave sur la console de jeux de ses copains d'école. Papy Cornelio qui s'exténue à enfoncer des pieux dans un terrain qu'on devine aride.
Facture. Quatre fois la même vie de misère, à la différence près. Mais le vrai coefficient multiplicateur du film est d'une autre nature. Ce qui fait le liant, c'est une panne de courant au petit matin dans la bicoque où la famille survit. Ce ne sont pas les plombs qui ont sauté, mais la facture d'électricité qui n'a pas été payée. Le courant ne passe plus, et c'est la vie qui