Il faut aimer Ken Loach. Tous ses films, même les ratés. Et ce dernier encore plus que les autres puisqu'il est très réussi. D'abord pour des raisons cinématographiques. Filmage nerveux, narration au cordeau, acteurs de très haute volée (primes à Steve Evets et Stephanie Bishop dans deux des rôles principaux). Mais toutes ces excellences ne tiendraient pas si le film n'était pas foncièrement politique, c'est-à-dire à gauche toute ! Ce n'est pas vraiment une révélation puisque depuis l'insurpassable Kes (1969), Loach de ce point de vue n'a jamais déçu. Ne pas avoir peur des grands mots qui, hélas, sont devenus des gros mots : du ciné engagé, utile pour nous encourager à résister à toutes les prétendues fatalités (la loi du profit, la religion du travail et autres saloperies qui infestent la joie de vivre).
Humour fou. Cette fois, sa radicalité a pris le chemin du comique mais sans pour autant passer par la case «comédie grinçante». Faites passer : Looking for Eric est un film d'humour fou. Et il en faut pour raconter la vie d'Eric Bishop, postier à Manchester, quadragénaire rincé qui traverse une mauvaise passe. C'est un euphémisme : il a quitté, et il le regrette, sa femme Lily, il y a longtemps ; ses deux jeunes beaux-fils sont très occupés par leurs séances de patates couchées devant la télé (un peu trafiquants de shit aussi), et sa fille l'a distribué dans le rôle du mauvais père. Qu'est-ce qu'il lui reste pour tenir ? Une drogue dure : l