Mardi matin, Thierry Frémaux, le délégué général, n'était pas peu fier d'inviter à monter sur scène une solide délégation roumaine composée des réalisateurs, de l'ingénieur du son et d'une des actrices. «Vous avez devant vous tout le cinéma roumain de demain», a-t-il déclaré à une salle pas si pleine que ça où les absents, pour le coup, ont eu tort.
De sa voix fluette, découverte le soir de sa palme d'or 2007, Cristian Mungiu fit son timide pour toute la bande, avant de remercier Cannes pour avoir sélectionné un genre de films que peu de festivals, c'est le moins que l'on puisse dire, trouvent généralement à leur goût. De fait, le film à sketches, après avoir connu une embellie dans les années 70, est vite retourné à l'oubli. A vrai dire, on peut même compter sur les doigts d'une main ceux dont la réputation a franchi la distance et ils sont tous italiens (Boccace '70, les Monstres, les Nouveaux Monstres…). La filiation latine avec ce Tales of a Golden Age est ici évidente.
Légendes urbaines. Le cinéma roumain, en plus des films de la trempe tragique de 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu, est aussi un cinéma de comédie qui rappelle les grands anciens italiens. Comédiens grandes gueules, sens aigu du dérisoire et obsession salutaire de se moquer de soi-même, il ne manquait pas grand-chose à cette jeune école roumaine pour en apporter une brillante démonstration. C'est chose faite avec Tales of a Golden Age.<