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Interview

«Les jeunes ont pour seule culture la télé de Berlusconi»

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Marco Bellocchio. Le cinéaste commente le règne de la droite italienne :
publié le 20 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 20 mai 2009 à 6h51)

Avec Vincere, son sixième film en compétition à Cannes, Marco Bellocchio, 69 ans et l'un des grands du cinéma italien, explore un pan mal connu de l'histoire de son pays : les débuts du fascisme et la liaison de Mussolini avec Ida Dalser, qu'il s'acharna à nier et effacer par la suite.

Avez-vous l’impression d’être l’un des derniers dinosaures du cinéma italien ?

Je ne sais pas. Ma génération, qui est née au cinéma dans les années 60, compte encore quelques représentants, avec Bertolucci et les frères Taviani. Il y en a même qui appartiennent à la génération précédente, comme Francesco Rosi. Mais, l’année dernière, on a vu apparaître deux cinéastes de 40 ans : Matteo Garrone et Paolo Sorrentino. C’est une nouvelle génération qui redonne leur force aux images. Entre leur génération et la mienne, il y a Nanni Moretti, qui fait essentiellement un cinéma parlé. Enfin, un grand nombre de réalisateurs de 20 à 30 ans, qui disposent de moyens technologiques tellement simples qu’il leur est plus facile de faire un premier film qu’à mon époque, éclosent en ce moment.

Le cinéma italien est très souvent politique. Pourquoi ?

Pendant longtemps, le cinéma italien parlait de politique. Parce qu'on voyait la politique comme un moyen de changer la société. Mais aujourd'hui, en Italie et dans toute l'Europe, la politique n'a plus aucun attrait pour les jeunes : il y est question de gestion et non plus de défendre des grands idéaux. Dans ce cas, soit les cinéastes traitent de thématiques privées, soit ils cherchent à faire de la politique sans parler de politique. Pour ma part, j'ai fini par comprendre que les idéologie