Les voyants sont au rouge depuis quelques mois sur le jeune Raya Martin, 25 ans, et suffisamment d’idées derrière la tête pour prendre, depuis les Philippines, le poste d’Apichatpong à à la place de Weerasethakul : celui du petit prince du radical chic (et exotique). Sauf que.
Si les films du Thaïlandais ne souffraient d'aucune contestation possible, il est loin d'en être de même pour Raya. Après quatre objets conceptuels en deux ans, on ne sait toujours pas sur quel pied danser : imposture ou futur génie. On commence à pencher pour la première proposition. Pas encore doté d'un talent évident (ce qui est un peu con quand, comme lui, on vise la sidération esthétique), il assorti chacun de ses opus d'un gimmick distingué : une fois c'est la longueur (quatre heures pour Now Showing), une autre fois le muet (A Short Film About The Indio Nacional), ou bien annoncer sa prétention de poursuivre en même temps deux trilogies - Independecia est le second volet de sa mise en récit de l'histoire des Philippines.
Ça, c'est pour le côté intéressant de la chose : réussir à résumer un pays à trois exilés dans une cabane attendant le fusil à la main l'arrivée des Américains, chapeau. Ça se gâte du côté de la forme : sans pouvoir justifier pourquoi, Raya Martin a décidé de filmer cela dans un léger ralenti affecté et sous une tessiture photographique qui remixe sans scrupule Fièvre sur Anatahan, de Von Sternberg, avec des cartes postales d'opiomanes