«Ma petite Ida, es-tu heureuse ? Diras-tu encore une fois qu'il n'y a que toi qui m'aimes alors que moi je ne t'aimerais pas ? Moi aussi je t'aime, ma chère Ida, même si je n'ai pas pu t'en donner toutes les preuves. Pendant mon voyage, j'ai souvent pensé à toi. A chaque fois que je voyais des jeunes couples de mariés ou d'amoureux s'installer dans le compartiment, je pensais à notre voyage, à celui que nous avons projeté. Comme j'aurais été heureux aujourd'hui de t'avoir à mes côtés quand le train filait à vive allure sous un ciel très pur…»
Le jeune épistolier énamouré qui écrit ces lignes à quelques heures de la Première Guerre mondiale s’appelle Benito Mussolini. Ida, c’est Ida Dalser : son premier amour. L’inspiratrice de ses premiers coups d’éclat, celle qui lui donne l’assurance de faire suffisamment de bruit pour être exclu du parti socialiste. Une femme dont le nom et l’histoire ont été volontairement effacés des manuels d’histoire ; officiellement, Ida Dalser n’a jamais rencontré ni aimé Benito Mussolini. Elle n’a jamais accouché le 11 novembre 1915 d’un fils, Benito Albino, que Mussolini reconnaîtra, avant d’avoir le pouvoir politique nécessaire d’en modifier l’état civil, éliminant toute trace de cette reconnaissance immédiate.
Déni. Car en décembre 1915, Benito Mussolini épousera civilement une autre femme, Rachele Guidi, avec qui il avait déjà eu une fille en 1910, Eda. Vincere, c'est l'histoire vue depuis là où il n'y a plus d'