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Libération
Critique

Barbaque Mountain

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Péché. Un film sur l’homosexualité de deux bouchers juifs ultraorthodoxes.
(Haut et Court)
publié le 22 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 22 mai 2009 à 6h51)

Il suffit de résumer Eyes Wide Open («les yeux grand ouverts») aux festivaliers qui ne l'ont pas vu pour déclencher leur stupéfaction incrédule : «Quoi ? Une histoire d'amour entre deux bouchers religieux dans le quartier ultraorthodoxe de Jérusalem ?!» Oui, exactement, et c'est fou comme cette histoire fait du bien.

Au départ, ce n’était pas gagné. Ni pour le film, qui démarre bien mais semble retenu par des ceintures de sécurité fermement sanglées qui lui donnent un petit air de théâtre plutôt que de cinéma. Ni pour l’histoire d’amour, à laquelle se refuse d’abord Aaron, l’aîné des héros, père de famille respecté de sa communauté qui l’appelle «le Juste» et qui, jusqu’à ce jour, n’a jamais dévié de son hétérosexualité. Mais les assauts du jeune Ezri, le trouble qu’il provoque, sa splendeur aussi, finissent bientôt par le faire vaciller.

«Brigades d'honneur».Longtemps, le film reste aussi chaste que ses personnages, tous deux adeptes d'un judaïsme très traditionnel, jusqu'à ce que l'appel de la chair ne puisse plus être contenu par aucune force, fût-elle sociale, familiale ou religieuse. Et jusqu'à ce que cède enfin la censure ultime, la plus puissante : la négation de ses désirs par Aaron.

D’une certaine façon, l’effet est mécanique : plus la défiance extérieure s’exerce à l’encontre des amants en devenir, plus l’appel de la chair oblige. Soupape des corps par où se vide, se crève comme un ballon, l’insoutenable pression du social.

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