C'est un film sur les racines du mal. Le vrai. Pas celui qui tombe du ciel, mais celui qui prospère sur Terre par le seul fait des hommes. Il est toujours fécond, le ventre dont est sortie la bête immonde. Et qui a entre autres accouché, au XXe siècle, du nazisme.
Nous voilà dans le microcosme d’un village de l’Allemagne du nord à l’avant-veille (été 1913 - été 1914) de la Première Guerre mondiale. Des paysans, un baron et sa famille, le médecin du village, un instituteur, une sage-femme, des enfants. Ce sont des portraits en noir et blanc, comme des photographies d’August Sander qui se mettent à bouger. Même si le rendu est magnifique, ce parti pris n’est pas une esthétique, mais une éthique. Dans un film en costumes, la couleur aurait par trop distrait du sujet : une leçon des ténèbres.
Damnés. La chronique ordinaire du village est en effet bousculée par quelques faits divers étranges. Un filin tendu entre les pattes d'un cheval au galop, qui manque par sa chute de tuer son cavalier. Une paysanne victime d'un accident mortel. L'incendie nocturne d'une grange. Le jeune fils du baron, kidnappé le jour de la fête des moissons et retrouvé au petit matin dans la forêt, ligoté et bastonné. Le baron enquête, puis la police. Mais le nom du coupable restera en suspens jusqu'à un dénouement, inattendu et glaçant. Personne ? Tout le monde ? Bien des inframondes assassins rôdent dans les limbes de ce village des damnés : notamment la religion, incarnée par un