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Libération
Portrait

«Un certain amour de la rigueur»

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Michael Haneke. Le cinéaste évoque les germes du nazisme et les dérives du protestantisme.
Director Michael Haneke poses during a photo call for the film "Das weisse Band" in competition at the 62nd Cannes Film Festival, May 21, 2009. Twenty films compete for the prestigious Palme d'Or which will be awarded on May 24. REUTERS/Eric Gaillard (FRANCE ENTERTAINMENT) (REUTERS)
publié le 22 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 22 mai 2009 à 6h51)

Dans un français quasi parfait, Michael Haneke revient sur les soubassements historiques du Ruban blanc, dont l'action se situe pendant l'année qui précède l'éclatement de la Grande Guerre.

«La Première Guerre mondiale a balayé le système hiérarchique qui existait dans le monde que je décris. La grande rupture de la modernité, c’est là qu’elle se passe. La Seconde Guerre mondiale n’a été que la conséquence de la Première. Bien sûr, on peut aussi voir le film comme un essai sur la naissance du nazisme. Il y a toujours ce genre de situation de changement quand s’installe cette sorte de terrorisme, que ce soit le fascisme ou le fascisme de gauche quarante ans plus tard, en Allemagne aussi. Et c’est aussi le cas du fascisme musulman aujourd’hui. Cela n’a rien à voir avec les religions, elles ne sont pas violentes en elles-mêmes. Mais à cause de toutes leurs frustrations, de toutes leurs souffrances, les gens deviennent disponibles à une solution radicale. Ces enfants se prennent pour la main droite de Dieu : ils se croient plus justes que ceux qui leur ont donné l’idée de justice.

«C'est ça, l'idée principale : un film rigoureux sur les dangers de la rigueur. La sévérité du protestantisme rend les choses plus claires : je le sais assez pour avoir grandi là-dedans, je voulais même devenir pasteur avant la puberté. Gudrun Esslin était la fille d'un pasteur, tout comme Ulrike Meinhof [anciennes activistes de la Fraction armée rouge, dite RAF, ndlr], que j'ai bien co