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Libération
Critique

De l’or pour les traves

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Cabaret. Une élégie aux hommes qui se vivent en femmes.
(Rosa Filmes_mourir)
publié le 23 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 23 mai 2009 à 6h51)

Le rire n'est pas le seul propre de l'homme. Ce qui caractérise aussi l'humain, c'est le besoin archaïque, moderne, éternel qu'on lui parle de sa sexualité. De toutes ses sexualités. C'est pourquoi des histoires de cul peuvent retenir des salles entières et le cinéma dit pornographique suspendre les audiences dans le propre mystère de leur condition. Depuis qu'il s'est lancé dans le cinéma, c'est tout le programme de João Pedro Rodrigues qui, après O Fantasma et Odete, nous livre avec Mourir comme un homme le chant élégiaque d'une tradition qu'on pouvait craindre perdue : la beauté, la grandeur, la noblesse du travelo.

Bulle de grâce. Celui-ci s'appelle Tonia et n'est pas de première fraîcheur. Mettons quinqua. Il a eu autrefois un fils, mais partage désormais sa vie entre le cabaret décrépit où il se produit et un infernal jeune amant toxico, Rosário, qui l'aime mais le dépouille en toutes occasions. Un jour de promenade, ils pénètrent dans le domaine paradisiaque d'un couple de travestis superlatifs, qui semblent vivre dans une bulle de grâce, de littérature, d'élégance surannée et de distinction. Ce choc des mondes va briser quelque chose en Tonia, déjà fortement perturbé par ses contradictions. Comment franchir le Rubicon qui sépare le travesti du transsexuel lorsqu'on est, comme lui, catholique ? Comment transgresser l'ordre divin qui vous a fait homme lorsqu'on respecte son Dieu ?

L'une des principales sources d'inspiration rev