Quand Cannes 2009 ne sera plus qu’un souvenir, on gardera en tête que les deux seuls films à avoir déclenché la bronca offraient le même profil : férocement sexuels, narrativement insistants, aussi naïfs dans le propos qu’impressionnants dans la forme.
Montée. Antichrist, de Lars von Trier, a heurté les festivaliers la première semaine. Les mêmes sont revenus en seconde s'écharper au long des cent cinquante minutes de vol plané narcotique conduit par le Français : sifflant les premiers passages psychédéliques (au centième, ils ont fini par arrêter), gueulant «ça va, on a compris» lors de ce qu'ils croyaient être un finale alors qu'il en restait encore un peu sous la moquette. Et manquant s'étouffer dès que l'affaire entrait dans le - hummm- vif du sujet. D'autres (nous, par exemple) commençaient à sentir un début de montée, et c'est déjà ça de notable.
Les films de Noé sont tous dotés d'une énergie monstre, sans jamais arriver à toucher au but (Irréversible, en particulier). Soudain le vide, c'est Noé mettant de côté tout ce qu'il ne sait pas filmer (des dialogues, des êtres humains) et même ce qu'il croit bien filmer (des séances de crises de nerfs) pour s'en tenir à sa proposition : tenir un film urbain, nocturne, druggy, qui jamais ne céderait à la loi du champ/contrechamp.
On pense ce qu’on veut du film dans le détail, ou de ce qu’il dit de l’époque (rien, ce qui est cohérent quand on montre les blessures d’une g