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Libération
Critique

Tsai dans la gueule du Louvre

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Faille. Le Taïwanais rend hommage au cinéma français en installant un film dans le film.
publié le 23 mai 2009 à 6h51
(mis à jour le 23 mai 2009 à 6h51)

Le dixième film de Tsai Ming-liang est aussi l'opus premier d'une nouvelle collection coproduite par le musée du Louvre et baptisée «Le Louvre s'offre aux cinéastes». Les termes exacts de la commande nous sont à cette heure inconnus mais on peut tout de suite rassurer ceux qui s'inquiéteraient de voir l'indomptable cinéaste taïwanais entravé par les chaînes dorées de la prestigieuse institution. Visage ne renonce à rien de ce qui fait, depuis les Rebelles du dieu néon, l'inestimable qualité de Tsai Ming-liang, le film enfonçant au contraire plus profond que jamais tous les clous obsédants qui caractérisent son cinéma.

Le fait même de savoir que l'auteur de la Rivière et de The Hole venait tourner à Paris pouvait faire craindre de voir son art plombé, comme ce fut si souvent le cas avec des cinéastes en exil artistique dans notre beau pays. Soulagement général, donc, et même mieux : il y a quelque chose d'un indéniable enrichissement qui se fait jour dans ce contact de Tsai avec la France.

Pourtant, il n'a pas exactement choisi la facilité. Le sujet de Visage, si tant est qu'on puisse le résumer, consiste en une sorte de visite d'un musée imaginaire du cinéma français par un cinéaste étranger. Il s'apprête à tourner un film chez nous autour du mythe de Salomé lorsque sa mère meurt là-bas, chez lui. La nouvelle le cloue au fond d'un lit dont rien ne parvient à le déloger. Sa productrice, Fanny (Ardant), se rend aux obsèques à sa place