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Libération
Critique

L’Irak sous un jour nouveau

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Eden. «L’Aube du monde», premier film sensible d’Abbas Fahdel.
publié le 27 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 27 mai 2009 à 6h52)

Un arbre solitaire, au milieu d'un marais sur lequel se lève le soleil, s'écroule soudain dans un craquement sourd. Comme une métaphore du film dans son intégralité, la première image de l'Aube du monde annonce toutes celles qui suivront.

Le jardin d’Eden existerait-il donc ? Plus exactement, il existait encore il y a peu. D’origine irakienne, Abbas Fahdel choisit de faire de la région des marais situés à la frontière de l’Iran et de l’Irak, entre le Tigre et l’Euphrate, le théâtre de sa première fiction, et de rendre hommage à un peuple aujourd’hui disparu : la tribu des Maadans, aussi appelés Arabes des marais.

Embarcations. Victimes, dans l'indifférence générale, des affrontements secouant le secteur depuis presque un quart de siècle, ils auront vu l'étang qui abritait leurs embarcations regroupées en minuscules villages bombardé, asséché par Saddam Hussein et sa destruction achevée par la Guerre du Golfe.

Zahra est donc une fille des marais, promise à son cousin Mastour : d'enfant, nous la verrons grandir sous les traits de Hafsia Herzi, éblouissante Rym de la Graine et le Mulet de Kechiche. Et devenir femme au jour du départ de son jeune mari au combat, réquisitionné par l'armée irakienne pour combattre le Mal américain. Elle le sent, elle lui dit : il ne reviendra pas. Le supplie de déserter.

Avant de partir pour toujours, Mastour prend soin de demander à Riad, soldat badgadi rencontré sur le front, de veiller sur Zahra. Ce dernier accéde