Une scène résume à merveille Soul Power : assis au bord de la piscine d'un hôtel de Kinshasa, se retrouvent, pour une discussion rigolarde et animée, le boxeur Mohamed Ali, le chanteur des Spinners, l'homme d'affaires Don King et le leader Black Panthers Stokely Carmichael. C'est à peine croyable, mais, pendant quelques jours de 1974, les univers blacks du sport, de la musique, du pognon et de la revendication se sont donné la main sous les cieux africains.
Cette année-là, l'entreprenant Don King réussit un gros coup : organiser au Zaïre, sous les auspices de Mobutu, le championnat du monde des lourds, entre Mohamed Ali et George Foreman. L'événement sera aussi musical puisque, en prélude, un festival réunit ceux que l'esclavage a séparés : les musiciens africains et leurs frères d'Amérique et des Caraïbes. La partie sportive est retracée dans un documentaire célèbre, When We Were Kings. Restait à exploiter les centaines d'heures filmées des concerts et de leurs préparatifs. C'est chose faite.
Le film s'équilibre entre les prémisses et les prestations live. Le choc culturel entre show-biz américain et bureaucratie africaine fournit de savoureux apartés. Les concerts, filmés dans un stade, offrent une accumulation de morceaux de bravoure : la Fania All Stars avec en soliste une Celia Cruz ensorcelante, le poignant Bill Withers, les Spinners avec leurs chorégraphies impeccables. Et, côté africain, les titans de la rumba du Zaïre : les orchestres de Franco et de