La sortie cette semaine sur les écrans français du tout premier long métrage de Martin Scorsese met un terme à un inexplicable bannissement de quarante ans. Etrange car le cinéaste américain est archipopulaire en France et que ce Who's That Knocking at My Door est une sorte de condensé brut de décoffrage de ce qui va nourrir son cinéma. Dès le générique, il y a tout : une femme prépare une tourte pour une ribambelle de gosses au milieu desquels il n'est pas difficile d'imaginer le petit Marty. D'autant que la femme en question est Catherine, sa mère. Juste avant l'apparition du titre, direction la rue, où de jeunes costauds, cheveux lustrés et fringues voyantes, se défient du regard. L'un embrasse la croix qu'il porte autour du cou avant de se jeter dans une bagarre. La rue, la famille, la bouffe, les mauvais garçons, la musique à fond la caisse, ses origines de prolo italien, son obsession sexuelle et, en corollaire, la culpabilité et la religion. C'est du Scorsese avant Scorsese.
«Paris Match». C'en est tellement que, là, devant nos yeux et en une heure et demie, on assiste à la naissance d'un cinéaste. Un accouchement qui, en réalité, a duré près de cinq ans. Quand il commence le tournage, Scorsese a 25 ans. Il vient de sortir de la New York University et les studios américains, dont le système est à l'agonie, gardent un œil sur une génération d'étudiants ambitieux. Quand il se lance dans ce premier film, Scorsese a déjà trois courts métrages prom