The Passenger, le premier film de François Rotger (vaillamment défendu ici) avait pris le parti de tourner le dos à la France et de fuguer en direction du fin fond du Japon. Story of Jen refait les bagages, partant pour le Canada, chasser l'homme. Lequel, en l'occurrence, ressemble à un «grand cheval maigre», pour reprendre les mots du cinéaste à l'égard de Tony Ward, bloc sombre au visage taillé à la serpe, accessoirement icône gay (Hustler White) et ex-époux de Madonna. Ici regardé comme une énigme : cul-terreux, pur-sang, taiseux. Entré dans cette histoire de famille par on ne sait quel rameau familial, en demi-frère oublié d'un suicidé laissant derrière lui une très jeune épouse (Marina Hands) déjà mère d'une adolescente de 15 ans : Jen.
Virée. Jen qui ne veut pas s'habiller sexy comme les autres filles de l'école, Jen qui ne cherche pas à communiquer forcément avec le monde, Jen trop jolie et un peu ronde, Jen partout mal à sa place (dehors, dedans), sauf quand Ian (Tony Ward, donc) l'emmène avec lui faire des virées en camion, dans les bois. Des moments qui échappent au jugement, des moments durant lesquels il ne se passe rien d'exceptionnel, mais en lesquels chacun (famille, copine de classe) y mettra toute la mauvaise intention du monde.
Jen, ou plutôt Laurence Lebœuf, son interprète, est le cadeau du film. On savait que pour raconter cette histoire inspirée de l’adolescence d’une amie de longue date, François Rotger