«Est-ce que je n'aime pas le récit ? Non, mais je sais qu'on ne peut plus être dans l'illustration.» Dans son premier film, la Gueule que tu mérites, sorti en 2006, Miguel Gomes mettait en place un faux départ. Ce cher mois d'août est plus tordu encore. Ça commence comme jamais aucun film n'avait démarré : sur une émission de radio libre, animée par une vieille qui ne passe que des chansons populaires.
La chanson a pour titre Abraça-Me - et pas besoin d'avoir son doctorat en portugais pour comprendre que ça doit vouloir dire quelque chose comme «embrasse-moi». Il y a aussi celle-ci : Adeus Amigo, et encore Morrer de Amor (écrite par l'inénarrable José Cid, ex-bellâtre fado seventies reconverti en pitre…). Que des trucs d'amours testamentaires, d'amitiés fichues.
Déterminisme mélo. Mais le pompon c'est encore Som de Cristal : le type qui chante ça est tout le temps en voyage, il ne voit pas beaucoup sa femme. Il s'imagine qu'elle l'attend. Mais un soir, alors qu'il vient de rentrer plus tôt que prévu, il passe devant le bordel de la ville et l'y voit entrer. L'épouse vertueuse en avait eu marre de l'attendre, plantée là comme une idiote, et un beau jour avait laissé sa solitude à la maison pour sortir faire l'entraîneuse dans une autre maison, tout aussi respectable : la Maison de cristal. Philosophe, le type se dit que c'est sa faute à lui, qu'après tout il n'avait qu'à être là. Maintenant, il va d