Boogie a mis plus d'une année à sortir en France. On ne comprend pas. On ne comprend pas pourquoi, alors que les distributeurs mettent à l'affiche en moyenne près de 20 films par semaine en France, dont plus de la moitié sont juste indigents, pourquoi il faut désormais, car c'est routinier, laisser passer une année entre la découverte d'un film pareil en festival et la possibilité pour nous de vous faire passer le mot. Evidemment, on n'est pas né de la dernière pluie et on ne connaît que trop la chanson pour se l'entendre répéter à longueur de temps : c'est la faute au marché. Or justement, si on regarde Boogie sur l'angle mort du marché, on trouve encore moins d'explication.
Car, sans se présenter comme une terreur pour box-office, le film a quelques charmes commerciaux indéniables, tout du moins si on s'en tient au terrain boueux de l'indépendant : Radu Muntean, son réalisateur, est, à 37 ans, une des figures essentielles de ce qu'il est convenu d'appeler le nouveau cinéma roumain, une cinématographie qui intéresse (s'il est méconnu, c'est qu'il lui incomba l'ingrate tâche d'essuyer les plâtres dès 2002 avec la Rage et Le papier sera bleu, deux films précurseurs, donc peu ou pas vus). Son coscénariste, Razvan Radulesco, a coécrit la Mort de Dante Lazarescu de Cristi Piui, lauréat Un certain regard en 2005 et dont on peut considérer qu'il fut l'opus qui mit le feu aux poudres quant à la reconsidération du cinéma en terre post-Ceau