Si fracture sociale il y a, les Lascars en sont la parfaite illustration, résolument caricaturale au point qu'elle suscitera pour les mêmes raisons l'hilarité chez les uns et la perplexité chez les autres. Une chose est sûre, en neuf ans, la fine équipe a fait un sacré bout de chemin, de Condé-sur-Ginette, cité (si peu) fictive d'où tout est parti, à Santo-Rico, villégiature hédoniste (à peine plus) imaginaire, où la clique rêve de se prélasser. Au départ, fruit d'une imagination collective (Laurent Nicolas, Eldiablo, Alexis Dolivet, Numero 6, Cap 1), il y a la série, diffusée sur Canal +, qui enfle telle la grenouille de la fable via Internet et la téléphonie mobile. Véritable enclave générationnelle, on en arrive à des millions d'épisodes téléchargés et une cote de sympathie chez les ados qui va fatalement donner des idées. Après la télé et la BD, la logique économique n'échappant à personne, Tony Merguez, José Frelate, Sammy, Narbé et consorts postulent donc dorénavant au statut de vedettes sur grand écran. Où le sens de la formule perdure («ça sent la schneck !»), au service d'un métalangage ultraréaliste qui pourrait déclencher une vague de suicides au sein du corps enseignant.
Accessoirement, on retiendra du récit (entre pause repas au kebab, intrusion intempestive sur un tournage porno et explosion de la fosse septique - dormez tranquille, vénérable Miyazaki !) que chez ces Pieds Nickelés du XXIe siècle, on rêve très fort de confort bourgeo