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Libération
Critique

Le journalisme montre le Crowe

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Parano. Thriller inégal sur l’investigation à l’ancienne face à un complot politique.
publié le 24 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 24 juin 2009 à 6h52)

Le journalisme est-il soluble dans le shampooing ? La réponse est plutôt oui si l'on en juge par la masse capillaire mal lavée du vétéran du scoop politique incarné par le toujours intéressant Russell Crowe dans Jeux de pouvoir. La panoplie de ce preux chevalier de la presse écrite (veste sans âge, Saab pourrie, appart minuscule…) range d'autorité le journaliste à l'ancienne dans la case d'un sous-prolétariat en danger.

Ce thriller à la sauce paranoïaque post-Alan J. Pakula (les Hommes du Président, étalon-or du genre) est émaillé de considérations maussades sur les difficultés économiques d'un grand journal, le Washington Globe, fraîchement racheté par un conglomérat-vampire, et sur la nécessité à tout prix de couvrir l'info plus vite que le Web. Le personnage de Crowe, Cal McAffrey, doit d'ailleurs faire équipe avec une jeune blogueuse aux dents longues, prête à écrire à peu près n'importe quoi. Le générique de fin est à lui seul une élégie aux rotatives, crépuscule de l'enquête de longue haleine, et à la légitimité du «print». Le film s'inspire en fait d'une mini-série à succès de Paul Abbott, State of Play, qui dépiautait à Londres sous gouvernement Labour les liens entre presse et pouvoir. Il n'est pas sûr que la tentation de lyophiliser en deux heures pour le cinéma ce qui avait été jugé excellemment traité en six pour la télévision soit une idée pertinente.

La dernière partie, qui enchaîne révélations et coups de théâtre aux limites d