Depuis ses débuts de comédienne, il y a à peine dix ans, les paupières de Maggie Gyllenhaal s'entrebâillent plus que de raison. Elles révèlent des yeux aussi grands que bleus, qui lui mangent la moitié du visage. Pour son rôle de junkie dans SherryBaby, de Laurie Collyer, les pupilles sont troubles. Tourné il y a quatre ans, ce film représente «le paroxysme de cette tendance que j'ai eue à me plonger corps et âme dans des rôles extrêmes», estime-t-elle. Moins cérébrale que physique, Maggie Gyllenhaal n'est pas adepte de l'analyse, et encore moins du plan de carrière : «Ce n'est qu'une fois le tournage fini que je peux m'essayer à une analyse objective, mais très souvent je n'y arrive pas.» Ce qui explique que cette anti-bimbo, qui prétend «avoir souvent choisi [ses] films sur un coup de cœur», trace sa route sans gloire, mais avec l'estime de ses pairs - deux nominations aux Golden Globes.
Iris. Quand elle se lance dans le cinéma, à 20 ans, une forme d'urgence voile l'iris, mélange d'excitation et d'inquiétude. Elle vient de finir des études de littérature à New York, se lance dans un monde qu'elle connaît par ses parents (père réalisateur et mère scénariste), sans savoir que la tradition familiale se perpétuera aussi bien (son frère, Jake, et son mari, Peter Sarsgaard, sont tous deux comédiens).
Elle prend son temps, baladant son regard en arrière-plan de quelques films indépendants (Donnie Darko de Richard Kelly, où elle donne la réplique à