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Libération
portrait

Eric Elmosnino, tête de chouchou

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Ce comédien nonchalant de 45 ans se dédouble entre un film de Podalydès et du théâtre à Avignon en attendant la sortie de la biopic où il interprète Gainsbourg.
publié le 6 juillet 2009 à 6h53
(mis à jour le 6 juillet 2009 à 6h53)

Eric Elmosnino ne dit pas que son agenda est surchargé et qu'il faudra attendre vingt-cinq jours pour se voir. Non qu'il ne soit pas pris, il est même entièrement occupé par des pensées un peu tristes dont il n'a pas envie de se distraire, et avec lui, le désœuvrement peut devenir un travail à temps plein. Il aime autant l'oisiveté, les après-midi à ne pas faire grand-chose, la contemplation, que le boulevard de l'Hôpital et même le boulevard Saint-Marcel, à Paris, car «ce sont des endroits où l'on ne rencontre jamais personne». L'avidité et la frénésie ne lui disent rien et d'ailleurs il est en phase de refus. Il est acteur, pas tueur, et si quelqu'un veut prendre sa place, qu'il y aille. Cette dernière phrase n'est pas forcément exacte, on n'est pas obligé de prendre à la lettre la nonchalance que lui autorise son talent. «Quoi qu'il fasse, il était le meilleur, se souvient Denis Podalydès de leurs années au conservatoire. Quel que soit le texte, il pouvait tout jouer à la seconde, il n'avait pas besoin de travailler, il avait déjà cette capacité inquiétante de faire tenir une représentation à son souffle, de sembler, quelques secondes, lâcher le rôle, s'absenter, pour mieux revenir.»

Il vient juste de terminer Gainsbourg, de Joann Sfar, où il joue le rôle-titre. Il est plein de doutes. Il n'a pas encore rodé de discours sur comment on incarne une personnalité. Il ne sait pas, et son non-savoir n'est pas une ignorance, plutôt une élégance